AU DELA DES REMPARTS
Au milieu XVIII siècle, au delà des remparts de la ville (les boulevards d’aujourd’hui), c’est encore la campagne. Parterres de légumes, pommiers et vignes appartiennent à des bourgeois d’Angers. Seul le faubourg Bressigny compte quelques hôtelleries, nobles hôtels et artisans.
Entre les faubourgs Bressigny et Hanneloup, se trouve le Couvent de la Fidélité, où l’on fabrique de si bonnes liqueurs, et deux petites chapelles. La Rossignolerie (le lycée David d’Angers aujourd’hui) est une ferme. Et Place du lycée se dresse un calvaire : la croix de Hanneloup. Peu à peu le faubourg Bressigny s’étend jusqu’à la chapelle Madeleine. En 1745, Mgr de Vaugirault achète l’enclos de la Rossignolerie et le transforme en maison de retraite pour les prêtres. Mais ils ne s’y plaisent pas, le règlement est trop sévère. Aussi en 1773, les frères de Saint Jean-Baptiste de la Salle, frères des écoles chrétiennes, l’acquièrent-ils pour y transférer leur école. En 1780, ils édifient la chapelle, vaste monument de style néo-grec que l’on place sous le patronage de Saint Joseph. Le quartier s’anime vite grâce aux élèves qui affluent.
LA REVOLUTION
A la veille de la révolution, l’extension récente est donc importante mais les besoins spirituels mal pourvus. Les paroisses Saint Julien et Saint Martin sont loin, à l’intérieur des remparts, et les paroissiens n’y ont d’ailleurs qu’une petite place.
Arrive la révolution où le culte est supprimé, Saint Joseph paie son tribut à la Terreur de 1793 et 1794. Parmi les victimes Renée-Marie Feillatreau, épouse d’un amidonnier et mère de 10 enfants est guillotinée pour avoir déclaré « j’aime mieux mourir que renoncer à la religion ».
Le bienheureux Noël PINOT, né 128 rue Bressigny et curé du Louroux Béconnais, est lui aussi guillotiné vendredi 21 février 1794, place du Ralliement. Ce n’est qu’en 1800 que le culte peut, de nouveau, être célébré. Au sortir de la révolution, la constitution civile du clergé prend fin et par une ordonnance du 30 vendémiaire an XI (1802) Mgr Montault, premier évêque concordataire, redessine les nouvelles paroisses du diocèse d’Angers. C’est la naissance de la paroisse Saint Joseph…..
La chapelle désaffectée de la Rossignolerie devient église Saint Joseph. Elle n’a pas de cloche pour appeler les fidèles. Qu’à cela ne tienne : on utilisera celles de la Rossignolerie puisqu’elle a été transformée en prison pendant la révolution, ainsi les prisonniers assisteront aux offices à partir de la tribune. Le premier curé, l’abbé Hucheloup des Roches, ancien curé de Saint Julien qui s’était exilé en Espagne, aura à cœur d’y faire naître un esprit de paroisse. La Rossignolerie devient ensuite lycée impérial et la restitution de la chapelle est demandée ; demande sans suite immédiate puisque la cure reste même dans l’enclos du lycée.
LA VILLE S’ÉTEND
Nous sommes en 1835, la ville s’étend, des maisons bourgeoises surgissent du sol.
La place André LEROY se dessine. Les hôtels du boulevard de Saumur (devenu FOCH) s’alignent. Puis s’ébauchent les rues Desjardins, Béclard, Paul Bert, Ménage, des Quinconces, Tarin, du Bellay et des Arènes. Beaucoup de terrains sont à vendre…
Arrive, cette année là, un curé jeune et dynamique, Jacques Lasnes qui achète un terrain à l’extrémité de la rue des Arènes, alors en projet. On pourrait ainsi, du boulevard, contempler la future église en perspective monumentale. Grâce à des subventions diverses et à l’aide des paroissiens, le projet prend forme.
Projet primitif pour l’église St Joseph
LA PREMIERE PIERRE
La première pierre est posée par Mgr Angebault en 1846 et l’église est consacrée en 1851.
Le Saint Sacrement est transporté depuis l’ancienne église. Cependant l’extérieur n’est pas terminé. Il n’y a pas encore de clocher et l’intérieur manque d’ornements. Aussi dès 1854, bien avant la loi de 1905 , l’église est-elle cédée à la ville en remboursement des dettes ! En 1877, deux clochers, surmontés de flèches octogonales sont construits (32 m de haut). La façade est ornée de sculptures et de statues.
En 1890, les baies sont agrandies et les verrières actuelles installées. Beaucoup seront endommagées par les bombardements en 1944. Dès 1897, la hauteur des flèches est telle qu’elles menacent la solidité de l’ensemble. Dans un premier temps, les voûtes et les tours sont consolidées. Puis en 1958, elles sont abaissées et reliées par une galerie en béton.
l’intérieur de l’église en 19271943
Au milieu du XXème siècle, avant et après le second concile du Vatican, on adapte le mobilier au nouveau rite des célébrations eucharistiques, et au goût de l’époque pour la sobriété.
Les boiseries sont supprimées en même temps que la table de communion, le maître-autel, la chaire, la grille du chœur et de nombreux tableaux. L’autel actuel est installé.
ARCHITECTURE ET ORNEMENTS
L’église Saint Joseph qui clôt la perspective de la rue des Arènes est construite entre 1845 et 1851 par l’architecte Jacques-Louis François-Villers. Elle est inaugurée et bénie le 29 novembre 1851.
Construction typique du XIXème, elle mélange les styles : une façade néo-gothique rayonnant et un intérieur gothique Plantagenêt.
Les nombreux ravalements successifs ont fait malheureusement disparaître l’abondant décor néo-gothique de la façade occidentale.
L’élévation entièrement refaite pour les parties hautes en 1958 a simplifié sa structure et son décor. Les dernières interventions remontent aux années 2000. Les parements extérieurs en tuffeau appareillé ont été entièrement enduits, sauf sur la façade occidentale.
A l’origine, sur le petit parvis, l’église était encadrée de deux logis néo-gothiques : seul reste celui de droite qui a été excessivement ravalé.
La façade achevée en 1874 par l’architecte Auguste Beignet et l’entrepreneur Vallée est assez nue à l’exception du portail. Un bas relief représente les soldats d’Hérode poursuivant la Sainte Famille le long d’un champ où des paysans sèment. Aussitôt semé, le blé pousse et devient champ d’épis abondants permettant aux semeurs de répondre « nous les avons vu passer quand nous semions ce blé »… Au dessus, le tympan sculpté représente « la fuite en Egypte ».
Ces deux bas reliefs sont encadrés dans les embrasures, à gauche, par les statues de Saint René, Sainte Anne , Saint Yves et à droite du prophète Elie par Sainte Valérie et Saint Charles Borromée : saints patrons des donateurs.
De chaque côté, sous des arcades brisées, les statues de saint Pierre, à gauche, avec sa barbe et la clef du royaume des cieux et à droite Saint Paul.
Au dessus du portail, la statue de Saint Joseph veille sur l’ensemble.
Deux tours, construites à l’origine en flèches beaucoup trop hautes, menaçaient la solidité de l’ensemble et ont dû être abaissées de 30 mètres en 1958. Elles ont alors été reliées par une galerie en béton.
Article du C.O. du 9 janvier 2009
Au centre, la rosace est encadrée de deux statues : à droite, la Synagogue, découronnée, les yeux baissés, tient les tables de la loi et à gauche l’Eglise, couronnée, jeune fille sereine regarde vers l’avenir.
L’AUTEL
Dans les années qui suivent le concile Vatican II, on adapte le mobilier au nouveau rite des célébrations eucharistiques, et au goût de l’époque pour la sobriété. Les boiseries sont supprimées en même temps que la table de communion, le maître-autel, la chaire, la grille du chœur et de nombreux tableaux. L’autel actuel est installé.
« Notre paroisse » (St Joseph d’Angers) n°4 – juillet 1958
LE PLAN DE L’EGLISE
Le plan de l’église offre l’aspect de la croix latine.
Elle comporte une nef à trois travées d’ogives, un transept peu saillant, un chœur d’une travée et une abside.
Sa longueur totale est de 55 m et sa largeur de 13 m.
La voûte d’ogive est une voûte angevine de type Plantagenêt -* c’est-à-dire à nervures, bombée en coupoles de briques. Chaque bras de transept a une travée voûtée pareillement. La hauteur à la clef atteint 23 mètres. En 1897, les voûtes se lézardent et sont consolidées en même temps que les tours.
LE TRANSEPT
Le bras gauche du transept contient une statue de la vierge. Sur le mur du fond, une grande toile marouflée en deux tableaux de LIVACHE, peinte vers 1870. Elle représente la messe clandestine du Bienheureux Noël PINOT pendant la révolution, son supplice et sa montée au ciel en ornements sacerdotaux. On peut voir 128 rue Bressigny, la plaque commémorative de la maison où il est né.
Dans le transept de droite , un autel est consacré à Saint Joseph. On voit là une rare représentation du Saint avec sa bisaiguë (instrument de travail du charpentier). Il est entouré de niches. A gauche : les statues de Saint Augustin et de Saint Martin (paroisses dont dépendait le quartier à l’origine) et à droite : celles de Saint Julien et de Saint Michel. Dans l’angle du transept au pied de la colonne se trouvent une statue de l’Immaculée Conception et au fond , le tombeau du curé Jacques LASNE.
LES VITRAUX
Les baies sont agrandies en 1890 et les verrières installées. Beaucoup seront endommagées par les bombardements en 1944.
Les dix-sept verrières aux tons assez vifs sont consacrées à la vie de Saint Joseph. On peut le suivre depuis son élection et son mariage jusqu’à son couronnement dans le ciel.
La fuite en Egypte
LE CHEMIN DE CROIX
Un chemin de croix en bronze polychromé court le long de la nef.
LE GRAND ORGUE (classé)
En sortant, on passe sous le grand orgue construit par les célèbres ateliers d’Aristide Cavalier-Col. Il fut solennellement inauguré le 19 novembre 1879 en présence de Mgr FREPPEL.
Il est monté sur une triple arcature sous laquelle se trouvent deux statues qui sont les patrons du chant liturgique : le roi DAVID avec sa harpe et Sainte CECILE jouant d’un instrument.